mercredi 1 mars 2017

La voix cachée, Parinoush Saniee

Après avoir lu (et adoré !) Le voile de Téhéran, dont je vous ai parlé la dernière fois... j'ai eu la chance de recevoir La voix cachée, le nouveau de roman de Parinoush Saniee, grâce à l'opération Masse Critique de Babelio !


Alors déjà, comme je vous l'avais dit ici, j'avais beaucoup aimé Le voile de Téhéran. Mais ce nouveau roman, est encore plus réussi, à mes yeux ! Cette fois, le personnage principal est un petit garçon : Shahaab, 4 ans. Et à quatre ans, il ne parle toujours pas. Cela inquiète grandement sa famille : ses cousins, son oncle et sa tante, et surtout son père, sont persuadés qu'il est débile. Sa mère est plus patiente, mais, poussée à bout par les autres qui insistent sur le retard mental de l'enfant, est tout de même très inquiète. En réalité, Shahaab sait parfaitement parler. Simplement, c'est un petit garçon très timide, et les pressions exercées par son entourage ne l'aident en rien à déjouer cette timidité. Pire encore, en jouant de sa prétendue débilité, son cousin le met très en colère, et Shahaab s'enferme encore plus dans son mutisme. Dans le même moment, il s'invente deux amis imaginaires, dont l'un est très rancunier, et parfois violent. Ainsi, vexé par une parole de sa grand-mêre, son ami imaginaire va le pousser à faire glisser une brique sur sa tête, depuis le toit. Quand on se moque de lui, donc, Shahaab devient un garçon violent. Malheureusement, la plupart du temps, sa maman pense que ces actes de violence sont gratuits, puisque le petit garçon est incapable de prendre la parole pour expliquer ses réactions.

Plus on pénètre au coeur du quotidien de cet enfant, et mieux on comprend ce mutisme. Ce qui apparaît assez vite, dans la vie de Shahaab, c'est le manque d'amour. Des marques d'affection, son père et sa mère n'en échangent jamais : lui rentre toujours fatigué et énervé du travail, et elle a en horreur les corvées domestiques dont elle doit s'acquitter. Mais surtout, on ne lui manifeste que très peu d'amour. Toute la fierté de son père va à son frère aîné, brillant à l'école, que son père pousse presque au surmenage tellement il veut compenser la soi-disant débilité du second. Toute l'attention de sa mère va principalement à sa petite soeur, qui à l'inverse de lui, est très bavarde et très démonstrative. Pire encore, on se rend compte que, à compter du jour où sa petite soeur est arrivée à la maison, et que son père a réservé les quelques marques de tendresse qu'il était capable de distiller à ce petit être, Shahaab a décidé de rentrer en guerre contre son père (qu'il ne considère d'ailleurs même pas comme son propre père !

C'est donc à force d'amour que Shahaab va s'ouvrir aux autres. D'abord celui de sa mère, puisque le premier mot qu'il prononce sera pour elle. Malheureusement, tout à sa fierté, elle est allée le raconter à tout son entourage, qui a recommencé à faire pression sur Shahaab. Mais surtout, c'est sa grand-mère maternelle qui, en s'installant pour quelques temps sous le même toit que son petit-fils, va l'aimer inconditionnellement, et le laisser avancer à son rythme.

Contrairement à son roman précédent, Parinoush Saniee ne parle pas tant de la société iranienne et des pressions qui peuvent s'y exercer envers ses membres les plus fragiles. En effet, l'histoire de ce petit garçon en manque d'amour s'adresse à tout le monde. C'est une vraie leçon de vie et d'humanité qui nous est donnée ici. Un message à tous les parents, très simple : aimez vos enfants, ne les poussez pas au-delà de leurs capacités ! Et même sans être maman, ce roman tout en tendresse m'a beaucoup touchée. Le fait d'entendre la voix de Shahaab nous raconter l'histoire, la plupart du temps, donne à ce roman toute sa beauté et sa finesse.

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