mardi 3 janvier 2017

Esther, Sharon McKay

Oh oh... ça fait bien longtemps que je ne me suis pas attelée à la tâche de mettre mon blog à jour... Encore plus longtemps que ce que je pensais ! Alors toutes mes excuses chers lecteurs ! Et sachez que ma résolution, pour 2017, est de me rattraper sur ce point, et d'être plus régulière dans mes chroniques ! Mais avant de parler de 2017, revenons-en un peu à 2016, et aux lectures dont je ne vous ai pas encore parlé ! Oui, car si je n'ai pas tenu mon blog à jour, je ne me suis pas arrêtée de lire pour autant ! Alors ces jours-ci, vous risquez fort de voir défiler les articles !

Commençons avec un roman jeunesse qui me faisait envie par son thème, et que j'ai grandement apprécié ! En fait, j'ai eu envie de le lire après avoir terminé la série L'Anneau de Claddagh, dont je vous avais parlé. Les deux romans se ressemblent un peu : l'histoire d'une jeune fille européenne qui rêve d'indépendance, et qui va se tourner pour cela vers le continent américain. Cependant, les ressemblances s'arrêtent là, en réalité. Sur l'époque, déjà. Car, dans Esther, l'intrigue se déroule environ 100 ans avant les aventures de Keira, l'héroïne de L'Anneau de Claddagh. De plus, le pays dont est originaire la jeune Esther n'est autre que la France, et plus précisément le Pays-Basque, tandis que Keira est irlandaise. Et les contingences sociales sont plus fortes pour Esther, car en plus d'être issue d'une famille appartenant aux couches inférieures de la société, celle-ci est juive, dans un pays catholique, où les juifs étaient déjà très mal vus. Mais la différence principale, qui fait aussi le succès incontesté du livre de Sharon McKay, tient au fait que l'histoire d'Esther Brandeau est inspirée de faits réels. En effet, on a des preuves de l'existence de cette jeune fille et de son aventure incroyable.

Esther Brandeau, donc, est la fille d'un commerçant juif. Seulement, elle apprend adolescente qu'elle est en fait une enfant illégitime, et qu'on doit la marier à un homme qui ne lui plait pas le moins du monde afin de garantir sa réputation. Destin qu'elle refuse, si bien qu'elle fait finalement le choix de tourner le dos à sa famille et ses origines, et de fuir. Mais elle va rencontrer des difficultés grandissantes. Rescapée d'un naufrage par un marin du nom de Philippe, elle se retrouve d'abord servante dans la maison d'une riche courtisane. Celle-ci, remarquant sa beauté et son élégance naturelle, va la prendre sous son aile. Mais quand Esther apprend que son destin, si elle devient courtisane à son tour, sera pire que d'épouser un homme plus âgé qu'elle, elle décide à nouveau de fuir. Afin de survivre et de gagner sa vie, elle décide alors de se travestir. Elle s'engage alors comme marin aux côtés de son ami Philippe, et même si le travail est rude, cette vie semble lui sourire. Jusqu'au jour où mère nature la rattrape, et lui rappelle sa condition de fille... Elle ne peut donc pas s'embarquer pour un long voyage vers l'Amérique, comme c'était prévu, car elle risquerait de se trahir auprès de l'équipage... Elle est donc obligée de quitter Philippe en toute hâte, son seul ami désormais. Et tout ce qu'elle fera ensuite sera dans le but de le retrouver, et de vivre une vie plus libre en Amérique, où les Juifs ne sont pas montrés du doigt et obligés de vivre dans des quartiers isolés. Elle va finalement embarquer pour un bateau en partance pour le Québec, mais là encore, les ennuis l'attendent lorsqu'on découvre que, non seulement ce marin est en réalité une femme, mais en plus qu'elle est juive (les juifs sont alors interdits de séjour au Québec).


Bref, la vie de cette jeune fille est pleine de rebondissements, et faite de tout ce qu'il faut pour nous plaire. Si ces aventures n'ont pas l'air très réjouissantes, on n'est pas non plus dans un roman sombre de bout en bout. En effet, entre l'amitié de Philippe, et la protection constante quoique discrète de la mère de la courtisane chez qui elle a demeuré, Esther est tout de même bien entourée, et a connu des joies simples. Cependant, elle connaîtra aussi son lot de peines et de frayeurs. Et souvent, elle se demande s'il ne lui serait pas plus simple, finalement de retourner en arrière, et de demander à son père de la reprendre sous son aile. Mais ce roman retrace aussi la destinée d'une jeune fille libre, qui déjà en 1735 a tenu tête à son père lorsqu'il lui a demandé d'épouser un homme qu'elle n'avait évidemment pas choisi. Quant à la question du travestissement, il n'y a qu'à relire Shakespeare pour savoir que c'est un élément narratif qui fonctionne à merveille : cela permet d'introduire de l'humour lors de situations quelque peu embarrassantes, de laisser un semblant d'amour s'épanouir entre deux personnages, sans que cela ne devienne trop mièvre pour autant... Ce roman comporte donc bien des ingrédients pour en faire un succès !

Mais je dois dire que l'élément qui m'a le plus plu lors de cette lecture, c'est d'apprendre que tout cela était en fait une histoire vraie ! En effet, des histoires comme celles-ci, Sharon McKay n'est pas la première à en écrire. Bien d'autres auteurs ont pu imaginer cela avant elle, en ayant même plus d'ingéniosité dans les aventures vécues par leurs personnages. Ici, l'intrigue reste relativement simple, car les différents malheurs qui arrivent à Esther se résolvent finalement assez facilement. Mais quand, par une lettre de Bougainville (fictive, semble-t-il malgré tout) nous apprend qu'elle a réellement existé et vécu toutes ces péripéties, le roman qu'on vient de terminer prend soudain beaucoup plus d'ampleur entre nos mais et dans nos coeurs ! Comme quoi, le pouvoir de l'Histoire est peut-être finalement encore plus grand que celui des histoires...


Quoiqu'il en soit, je ne peux que vous recommander ce joli roman, qui nous en apprend un peu plus sur la France de Louis XV, transition entre deux époques que l'on connaît bien mieux. Même si ce roman est avant tout destiné aux adolescents, il est capable de régaler même les plus grands d'entre nous !

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