jeudi 25 juin 2015

L'homme qui parlait la langue des serpents, Andrus Kivirähk

Aujourd'hui, au programme, un voyage en Estonie, grâce à un roman aux allures de saga fantastique. Roman que je qualifierais d'ailleurs de fantastique, sans aucun doute !

J'ai découvert ce roman lors d'un stage en librairie, en décembre dernier. On me l'avait présenté comme un roman empreint de réalisme magique (vous savez, ce petit côté de merveilleux à la Gabriel Garcia Marquéz), qui faisait plonger au coeur du folkore estonien. Je me suis donc dit que ça pouvait changer de ce à quoi j'étais habituée, alors je me suis finalement lancée.

On ne m'avait pas menti. J'ai effectivement retrouvé le réalisme magique : les estoniens "primitifs" vivaient, d'après ce roman (qui se déroule au Moyen-Âge, lorsque l'Estonie fut envahie par les soldats teutons), dans un monde peuplé de créatures surnaturelles : une Salamandre redoutable, un poisson à la barbe immense, vieux de plusieurs centaines d'années... et surtout, des serpents qui parlent ! Enfin, qui sifflent, en réalité, mais qui ont une langue bien à eux, que les humains apprennent pour communiquer avec eux (car ils sont amis), et pour contrôler les autres animaux (obligés de se plier aux injonctions de la langue des serpents).


Seulement, ce monde primitif est confronté à l'invasion des soldats teutons, qui apportent avec eux la culture moderne, notre culture occidentale. Un phénomène de mode pousse alors la plupart des estoniens à quitter la forêt, où leurs ancêtres avaient toujours vécu en harmonie avec la nature, pour aller fonder un village, labourer les champs afin de manger du pain (nourriture qui leur était inconnue, apportée par les soldats), et se convertir au christianisme. Mais quelques familles s'obstinent à rester dans la forêt, et à rejeter ces coutumes qui ne sont pas les leurs. Ils entrent donc dans un combat symbolique contre leurs pairs qui ont préféré oublier la langue des serpents : pour un bon chrétien, un ami des serpents, c'est un suppôt du Diable...

C'est donc une véritable lutte entre tradition et modernité que ce roman nous présente, le tout en portant un regard très ironique et mordant sur les fondements de notre société occidentale. L'homme évoqué par le titre sera-t-il le dernier de son espèce à connaître la langue des serpents, ou bien parviendra-t-il à transmettre à un autre la richesse de sa culture ?

Les éditions du Tripode ont eu la bonne idée de faire traduire ce roman, qui nous ouvre à une culture méconnue, et qui nous oblige à remettre la nôtre en question. On regrette juste que le roman mette du temps à commencer : le début est un peu longuet... Mais une fois lancés dans l'action, plus question de lâcher le livre !!

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